Chers lecteurs,
Je suis ravie de vous retrouver pour ce deuxième chapitre d’hÊtre Systémique : Accueillir, comprendre et rejoindre l’extraterrestre.
Si le premier chapitre était une introduction générale à l’approche systémique stratégique et paradoxale, ce deuxième chapitre se concentre sur ses applications pratiques et son efficacité dans la résolution de problèmes. Ici, vous découvrirez comment Lise-Hélène, François et Natalie mettent en œuvre cette approche, tant dans leur vie professionnelle que personnelle.
Information sur les participants ici
- Lise-Hélène est consultante spécialisée dans l’accompagnement des dirigeants et des structures en période de “fragilité”. Notamment, elle aide à résoudre les conflits au sein des entreprises. Elle propose également des formations dans des contextes d’interactions intenses pour apprendre à observer les situations sous un autre angle et favoriser des visions du monde plus ouvertes et plus respectueuses.
- François exerce trois activités principales : il dispense des formations en intervention systémique à des acteurs sociaux intéressés par cette approche ; aussi, en utilisant l’approche systémique paradoxale, il accompagne des équipes dans l’analyse de leurs pratiques professionnelles ; enfin, il propose un accompagnement systémique basé sur l’ici et le maintenant, axé sur le présent plutôt que sur le passé.
- Natalie, de formation psycho-sociologue, met au cœur de sa pratique l’intervention systémique stratégique et paradoxale. Elle intervient principalement dans le cadre de la formation continue sur les relations inter-individuelles et inter-groupes, ainsi que dans l’accompagnement de professionnel.le.s et d’équipes à travers des séances de coaching et d’analyse des pratiques professionnelles.
I. L’approche systémique une approche holistique
Lors de nos discussions, l’adaptabilité de l’intervention systémique stratégique et paradoxale (ISSP) est apparue comme un point central, notamment pour sa capacité à s’adapter à chaque situation avec subtilité. Lise-Hélène souligne que cette approche est applicable dans toutes les circonstances, mais jamais de la même manière. Chaque interaction, chaque demande du client, chaque instant d’une séance d’accompagnement est unique, du fait de son contexte. En effet, ce qui rend cette approche si unique c’est son absence de protocole dans un cadre méthodologique. Comme mentionné dans le premier chapitre, il n’y a pas de généralisation dans cette approche. Chaque individu est considéré dans son unicité et chaque problème est abordé dans son contexte spécifique.
L’ISSP enseigne aux accompagnants et aux accompagnés à être flexibles. François m’explique que cette approche n’est pas un outil, mais une véritable façon de voir et d’interroger le monde. En ce sens, l’approche systémique dépasse largement le cadre traditionnel de l’accompagnement pour devenir une véritable philosophie de vie. C’est une perspective large, dynamique et adaptable, qui évolue au gré des circonstances et des interactions humaines. En bref, c’est une invitation à explorer les multiples facettes de la réalité, en abandonnant les généralisations au profit d’une compréhension plus profonde et nuancée.
II. L’approche systémique à travers des exemples.
Rien ne permet de mieux comprendre et d’évaluer l’efficacité d’une approche que des anecdotes et des témoignages. Ici, plongeons-nous dans des récits concrets pour comprendre comment l’approche systémique stratégique et paradoxale transforme les interactions entre accompagnant et accompagné en moments de co-construction et de croissance.
Le premier à s’exprimer, François relate l’expérience d’une cliente qui, après des années de thérapie, a enfin ressenti lors des séances avec lui une réelle co-construction plutôt qu’une dépendance vis-à-vis de son accompagnateur. En effet, dans l’ISSP, l’accompagnant adopte une posture de non-sachant et cherche plutôt à guider l’accompagné dans un processus de réflexion et de découverte pour résoudre son problème.
De son côté, Lise-Hélène évoque son accompagnement de managers de structures en situation de « fragilité ». En analysant la situation avec eux, elle identifie ce qui a fonctionné et ce qui n’a pas fonctionné lors de précédentes tentatives de résolution. Parfois, quelques méthodes sont nécessaires à appliquer, mais souvent, aucun outil spécifique n’est requis. L’ISSP permet de rétablir un équilibre, surtout lorsque les accompagnés se sentent dépassés par les évènements. De ce fait, elle souligne l’importance de faire sentir au client qu’il n’existe pas de solution universelle. Cette perspective aide à alléger la pression et invite les accompagnés à construire des solutions adaptées à leur réalité propre.
III. L’approche systémique dans la résolution des problèmes
Pour aborder les conflits, il faut souvent une analyse approfondie allant au-delà des symptômes visibles. C’est là que l’approche systémique stratégique et paradoxale entre en jeu, offrant une vision holistique des dynamiques en jeu. Pour Natalie, l’ISSP possède une magie particulière, celle de démystifier la complexité des situations tout en encourageant l’autonomisation individuelle, notamment dans la gestion des conflits ou les situations critiques. En effet, cette approche excelle dans les situations complexes, qu’il s’agisse d’interactions interpersonnelles ou de défis internes à soi-même. Elle agit comme un catalyseur pour apporter la clarté nécessaire à la résolution des problèmes, devenant ainsi un outil indispensable pour identifier des solutions durables.
Vous l’aurez compris, fondamentalement, cette approche vise à explorer les problèmes en profondeur, plutôt que de proposer des solutions superficielles. Elle encourage l’analyse des difficultés pour engager un processus de résolution durable. Notamment, Lise-Hélène exprime sa frustration face à l’idée répandue selon laquelle il existerait des solutions préformatées à chaque problème. Dans l’ISSP, il n’y a pas de recette miracle pour résoudre les problèmes. Les accompagnants s’engagent plutôt dans une exploration approfondie, cherchant à comprendre les interactions complexes qui façonnent une situation donnée. Comme François l’explique, parfois, le simple fait de décoder un problème peut suffire à le résoudre. Plutôt que de se focaliser sur ce qui devrait être, l’ISSP invite alors à explorer ce qui est réellement. Avec cette approche, les accompagnants offrent un espace où les clients peuvent explorer et expérimenter pour trouver leur propre chemin, sans attente ni jugement de la part de l’accompagnateur..
En résumé, l’approche systémique stratégique et paradoxale va au-delà de l’analyse dans la résolution de problèmes. Elle invite à plonger dans la complexité humaine ou organisationnelle, à découvrir de nouvelles perspectives et à cultiver une compréhension plus profonde de soi et du monde qui nous entoure. Elle permet aux personnes accompagnées de se positionner différemment et de raisonner de manière nouvelle, ouvrant ainsi la voie à des actions innovantes.
IV. Conclusion – L’approche systémique franchit les limites du pro et du perso.
“Mais du coup, est-ce que vous arrivez à mettre en mode off l’approche systémique lorsque vous n’êtes plus au travail ?” Voilà une des questions que j’ai posées aux intervenants. “Non”, m’ont-ils tous répondu.
En effet, tous ont souligné la difficulté à séparer ces deux dimensions, affirmant que l’approche systémique imprègne chaque facette de leur vie. Cela ne signifie pas qu’il est impossible de le faire ; Natalie a mentionné des collègues qui arrivent à distinguer clairement leur vie professionnelle et leur vie personnelle…. Pour elle, il est clair que l’approche systémique stratégique et paradoxale guide ses actions au quotidien. Bien que son utilisation peut varier selon les circonstances, que ce soit dans un contexte professionnel ou dans ses interactions avec sa famille et ses amis, l’approche systémique informe toutes ses réflexions. Il n’y a pas de mode “OFF”
Ce que j’essaye de transmettre ici c’est que l’approche systémique stratégique et paradoxale, parce qu’elle nous permet un autre regard sur la complexité du monde, nous influence au-delà de nos pratiques professionnelles : et pourquoi se priver d’une capacité de compréhension sans a priori, non-pathologisante et méthodologique. D’ailleurs, comme l’ont souligné les trois participants à différents moments de l’entretien : pourquoi chercher à dissocier l’approche systémique de la vie personnelle ? Pour être honnête, chers lecteurs, je n’ai toujours pas de réponse à fournir alors…. à suivre !
—
*Si cet article vous a donné envie d’en apprendre plus, vous pouvez vous inscrire aux prochaines sessions sur faine.fr. Aussi, abonnez-vous à la page LinkedIn de Faine pour ne rien manquer des prochains chapitres.*