Ma rencontre avec l’École de Palo Alto s’est réalisé en deux temps distincts dans ma vie.
Le premier est ma rencontre proprement dite (1999) : la découverte et l’apprentissage du modèle. Un véritable apaisement, car enfin une théorie qui vient formaliser, organiser, hiérarchiser des idées, des positions qui existaient en moi de façon anarchique, chaotique…Regarder les personnes avec compétences quoique nous percevons d’elles ; penser que leurs agissements relèvent et révèlent leur logique, même si celle-ci est loin de moi, peut-être même m’est inaccessible… etc
Mon second mouvement vers ce modèle, fut lorsque j’ai commencé à le diffuser (2004) : auprès de mon entourage personnel en façon empirique (pour partager), puis des membres de mon équipe avec une présentation plus structurée (pour un même référentiel), enfin dans des formations auprès de stagiaires, avec cette fois une vision et une visée pédagogique (pour transmettre). J’avais adhéré et fait mienne cette vision du monde, mais maintenant, il me fallait trouver des stratégies pour transférer, expliquer, illustrer ce mouvement. Joli paradoxe de concevoir que « tout est unique et contextuel » et pourtant devoir transmettre une théorie générale…
Un jeune-homme, lors d’un bilan de fin de stage m’a dit : « En fait, ce modèle de Palo Alto, d’intervention stratégique et paradoxal, c’est exactement comme le jeu du Poker… Les règles en sont assez simples et pragmatiques, mais pour arriver à bien jouer, il faut beaucoup pratiquer ».

L’intervention systémique paradoxale a été une vraie rencontre pour moi, de celles qui changent la vie.

D’abord une rencontre qui m’a permis de « me retrouver », alors que je venais « simplement » résoudre un problème professionnel.

Puis une rencontre professionnelle, puisqu’elle a totalement changé ma façon d’interagir professionnellement. Chaque moment d’interaction avec une personne ou un groupe devient une opportunité pour la ou les personnes, par le temps d’exploration minutieux qu’il permet, de discerner ce qui est possible de ce qui ne l’est pas, à ce moment-là, dans ces circonstances-là, sans préjuger de la suite.

Plutôt que d’essayer en vain de plier le réel à notre, tenter de le « sentir » dans sa subtilité vivante.

Le regard systémique et moi.
Voir le monde et les activités humaines comme un incessant jeu d’influences multiples qui s’inscrivent dans le grand courant de la vie, tel est l’apport majeur du regard systémique qui n’est rien moins pour moi qu’une philosophie d’être au monde. Philosophie d’où découle une pratique structurée qui allie pragmatisme, profond respect des personnes, et souci de la juste et minimale intervention pour aider le système client à s’orienter vers ce qui est juste pour lui en lien avec ses enjeux. Dans ma pratique de 12 années de coach-consultant en organisation, issue du modèle de Palo Alto, se greffe aussi la pragmatique de la communication, et une approche constructiviste de la réalité.

Porter un regard systémique pour accompagner les évolutions en organisations, que ce soit à la maille individuelle, collective ou organisationnelle (mon activité principale en ce moment), m’a profondément fait évoluer et continue à me maintenir en éveil et me faire sentir en croissance perpétuelle. Bref un chemin de vie. Un Kaizen. Partager et transmettre m’apparaît comme un prolongement naturel de mon activité. Le faire au sein de l’écosystème FAINE est une joie et un privilège.

Au début de ma carrière d’éducateur spécialisé, j’avais souvent entendu parler de la systémique comme un changement de cadre de référence, particulièrement adapté au travail sous la contrainte et avec les familles.
Piqué dans ma curiosité et avide de découvrir un nouveau modèle de pensée, je me suis lancé dans une formation à l’intervention systémique paradoxale.
Moi qui étais frustré dans ma formation initiale d’un manque d’étayage dans la relation d’accompagnement, je me suis d’abord heurté au changement de paradigme offert par la systémique. En effet, passer d’une vision linéaire des problématiques humaines à une vision circulaire des interactions m’a demandé une période d’adaptation. J’étais un peu perdu dans mes reflexes professionnels, mais agréablement surpris des effets bénéfiques dans mes interventions du fait de mon changement de regard.
Par la suite, je fus totalement séduit par la vision philosophique du modèle, par le positionnement respectueux induit par ses prémisses non-normatives et non-pathologisantes.
J’ai alors retrouvé du confort, de l’aisance relationnelle et surtout, du sens dans mes interventions davantage en adéquation avec les missions du travail social : participer à l’émancipation des publics accompagnés et favoriser une résolution écologique de leurs problèmes.
A présent cadre en Protection de l’Enfance, la systémique est à la fois ma boussole dans le décodage des situations des jeunes confiés, comme dans l’accompagnement des professionnels sous ma responsabilité

Souplesse… c’est le mot que je retiens pour résumer le changement assez radical que l’approche systémique paradoxale a opéré en moi. La souplesse intérieure comme une forme d’agilité à m’adapter aux personnes et au contexte pour que chacun d’entre nous gagne en croissance. Pour filer la métaphore de la souplesse, je dirais que cela m’a appris à danser : ne pas vouloir à tout prix avancer, accepter de suivre le rythme de l’autre, de tourner, d’aller de côté et même de m’arrêter et de glisser