hÊtre Systémique : Chapitre 3 - Au-delà des protocoles : l'essence de l'approche systémique stratégique et paradoxale
Chers lecteurs,
Nous entamons maintenant le troisième chapitre de notre série fascinante intitulée “hÊtre systémique : Accueillir, comprendre et rejoindre l’extraterrestre". Dans les chapitres précédents, nous avons posé les bases essentielles de l'approche systémique stratégique et paradoxale, illustrant son application concrète à travers les expériences de François, Natalie et Lise-Hélène, fervents adeptes de cette approche aussi bien dans leur vie professionnelle que personnelle.
Aujourd'hui, nous allons en premier lieu approfondir notre exploration à travers le prisme de l'acceptation et de la compréhension de l'extraterrestre, c'est-à-dire de l'autre dans toute sa différence. Ensuite, nous verrons comment Natalie perçoit l’évolution de cette approche chez Faine.
Ensemble, découvrons comment l'intervention systémique stratégique et paradoxale (ISSP) remet en question les normes établies pour mieux appréhender la complexité des relations humaines et organisationnelles.
Information sur les participants ici
- Lise-Hélène est consultante spécialisée dans l'accompagnement des dirigeants et des structures en période de “fragilité”. Notamment, elle aide à résoudre les conflits au sein des entreprises. Elle propose également des formations dans des contextes d'interactions intenses pour apprendre à observer les situations sous un autre angle et favoriser des visions du monde plus ouvertes et plus respectueuses.
- François exerce trois activités principales : il dispense des formations en intervention systémique à des acteurs sociaux intéressés par cette approche ; aussi, en utilisant l’approche systémique paradoxale, il accompagne des équipes dans l'analyse de leurs pratiques professionnelles ; enfin, il propose un accompagnement systémique basé sur l'ici et le maintenant, axé sur le présent plutôt que sur le passé.
- Natalie, de formation psycho-sociologue, met au cœur de sa pratique l'intervention systémique stratégique et paradoxale. Elle intervient principalement dans le cadre de la formation continue sur les relations inter-individuelles et inter-groupes, ainsi que dans l'accompagnement de professionnel.le.s et d'équipes à travers des séances de coaching et d'analyse des pratiques professionnelles.
I. Transmettre une approche dépourvue de protocole : un sacré défi
Lors de mes entretiens avec les trois participants, l'un des premiers points qu'ils ont soulevé est que l'approche systémique stratégique et paradoxale ne repose sur aucun protocole établi. Vous vous demandez sans doute, comme moi, comment peut-on enseigner l'ISSP s'il n'y a pas de protocole à suivre ? Comment peut-on réellement l'apprendre ?
Ce qu'ils m'ont expliqué, c'est qu'ils transmettent plutôt une logique, un regard, un mouvement, une façon de voir les choses, une philosophie de vie. Ce n'est pas une formule mathématique à appliquer ou une langue à apprendre. Et ils m’ont confié que cela est drôlement complexe à enseigner. Parce qu'au-delà des concepts et de la théorie, il faut transmettre la capacité à s'adapter à chaque personne, à prendre en compte le contexte, à ne jamais généraliser. Il ne faut pas tout encapsuler dans un cadre strict.
Ainsi, ce n'est pas un protocole strict qui est transmis, mais plutôt un regard particulier et des modes de pensée flexibles, adaptés aux réalités changeantes et complexes de chaque individu et de chaque système.
II. Accueillir, comprendre, et rejoindre l’extraterrestre !
Je vous en ai brièvement parlé dans les précédents chapitres mais dans l’ISSP, il est essentiel de considérer chaque individu dans son contexte présent, de reconnaître et d'accepter sa singularité.
Pour expliquer un peu plus clairement ce qu’ils entendent par là, Lise-Hélène m'explique que chaque personne est un "extraterrestre" pour les autres, avec son propre langage, ses propres perspectives et son vécu unique. Cette métaphore souligne l'importance de comprendre que, même lorsque nous décrivons des réalités qui semblent similaires, nous utilisons des langages et des cadres différents que nous vivons différemment. Cette prise de conscience est cruciale pour désamorcer les conflits et encourager une communication authentique et respectueuse.
Dans les interactions professionnelles et sociales, l'ISSP propose d’apprendre à ne pas imposer sa propre vision du monde aux autres, mais plutôt à embrasser la diversité et la complexité de chaque individu. François exprime cette idée en parlant de chaque personne comme étant une "civilisation" en soi. Cela implique de reconnaître que chaque individu a le droit de voir le monde à sa manière, sans être jugé ou poussé à adopter une perspective différente.
Cette approche se distingue de celles qui cherchent à imposer des normes rigides, préférant au contraire valoriser la diversité culturelle et individuelle comme une source d'enrichissement mutuel. Comprendre l'extraterrestre dans le cadre de l'ISSP signifie adopter une attitude de respect, d'ouverture et de curiosité envers les différences. Chaque personne est unique dans sa manière de percevoir et d'interagir avec le monde, et cette singularité est non seulement acceptée mais encouragée.
François souligne l'aspect sur mesure de cette approche : "Comme il n'y a pas de protocole, on doit tout le temps faire du sur-mesure. Il n'y a pas de prêt-à-porter. On est constamment en train de prendre les mesures de tout le monde, à chaque séance." Cela signifie que les interventions de l'ISSP sont adaptées spécifiquement à chaque contexte et à chaque individu, au lieu de suivre un modèle universel préétabli.
En résumé, l'approche systémique stratégique et paradoxale invite à embrasser la diversité humaine comme une force, en reconnaissant et en célébrant la richesse des perspectives individuelles dans un cadre respectueux et non directif : accepter, comprendre et rejoindre l’extraterrestre.
III. Natalie et l’approche systémique stratégique et paradoxale chez Faine.
J'ai interrogé Natalie, fondatrice de Faine, sur l'avenir de l'approche systémique stratégique et paradoxale au sein de l'organisation. Elle me souligne notamment que : "Chez Faine, l'intervention systémique est au cœur de nos pratiques. C’est ça qui fait notre force. Tous les membres de l’équipe et nos intervenants utilisent au quotidien l’approche systémique paradoxale. Toute l'équipe d'encadrement et une grande partie des intervenants sont systémiciens, ou cherchent à le devenir, ont cette capacité à déployer l’ISSP." Elle m’explique notamment que “tout le monde peut être accompagné mais pas tout le monde peut devenir systémicien, parce qu’il y a des gens pour qui l'accueil d'autres visions ou de "possibles" reste inaccessible et c’est ok. C’est ce qui fait la beauté de cette approche.”
Elle précise également qu'au sein de Faine, tout le monde peut être accompagné par cette approche. C’est pour cela que Faine a créé la formation hÊtre Systémique : pour se doter petit à petit de formateurs capables de transmettre ce modèle aussi opératoire que respectueux qu'elle qualifie de "magique". Pour Natalie, il est indéniable qu'il existe un avant et un après la découverte de l'approche systémique, et c’est pour cela qu’il est essentiel de former de nouveaux praticiens pour pérenniser cette méthodologie unique en son genre.
Enfin, l'avenir de l'approche systémique paradoxale repose sur sa capacité à se renouveler et à s'adapter aux nouvelles réalités. Chez Faine, il est clair que la formation continue des praticiens est essentielle pour transmettre efficacement cette approche. Natalie insiste sur l'importance de la formation continue des praticiens, incluant des pratiques telles que les débriefings formatifs et l'intervision, qui leur permettent d'intégrer, de pratiquer et d’approfondir cette philosophie dans leur pratique quotidienne. C'est ainsi que cette approche continuera à œuvrer pour répondre aux besoins des individus, des organisations dans un contexte en constante évolution.
IV. Conclusion
En conclusion, l'approche systémique paradoxale nous invite à embrasser la complexité et la diversité du monde contemporain. Elle nous enseigne que chaque individu est une civilisation en soi, méritant d'être compris et respecté dans sa singularité. C'est une invitation à adopter une approche plus humaine, flexible et respectueuse dans nos interactions et nos interventions, que ce soit dans le cadre professionnel ou personnel.
Cependant, l'impact de l'approche systémique stratégique et paradoxale va bien au-delà du coaching et de la formation professionnelle. Elle influence profondément notre manière d'interagir avec le monde. Une chose est claire : une fois que l'on commence à s'intéresser à cette approche, il y a un avant et un après.
Merci de m’accompagner dans ce voyage fascinant à la découverte de l'approche systémique stratégique et paradoxale. À bientôt pour le prochain chapitre de "hÊtre Systémique : Accueillir, comprendre et rejoindre l’extraterrestre".
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*Si cet article vous a donné envie d’en apprendre plus, vous pouvez vous inscrire aux prochaines sessions sur faine.fr. Aussi, abonnez-vous à la page LinkedIn de Faine pour ne rien manquer des prochains chapitres.*
Le pouvoir transformateur de la métaphore
Stéphanie dirige une fonction support dans une grande entreprise. En opposition avec certains choix stratégiques de sa hiérarchie, elle se trouve dans une situation très difficile à laquelle elle va devoir faire face pendant encore plusieurs mois. Il n’est pas question pour elle de craquer, elle veut rester irréprochable.
Pour Stéphanie, la situation ressemble à une jungle hostile et marécageuse, faite de branches aux épines tranchantes et mortelles. Stéphanie décrit cette image à Natalie, fondatrice du cabinet Faine : le sol boueux, l’air moite, la faible luminosité due à la densité de la végétation, la peur de se faire piquer, la fatigue physique, l’impression de devoir avancer encore longtemps…
Natalie invite Stéphanie à trouver des ressources pour faire face à la situation : qu’est-ce qui pourrait la protéger de cette forêt menaçante ? Stéphanie évoque une combinaison de survie. Ensemble, elles travaillent à l’élaborer : épaisse, couvrante, souple, résistante… elles imaginent sa texture, sa couleur, les sensations sur sa peau.
Natalie propose ensuite à Stéphanie de vérifier l'efficacité de sa panoplie : sa combinaison résistera-t-elle à des pluies diluviennes ou une attaque de serpents ? Les ajustements nécessaires sont apportés, un masque pour protéger ses yeux et un couteau fixé à sa taille.
A la fin de leur échange, le niveau de stress de Stéphanie est retombé. Elle se sent capable de gérer les quelques mois à venir. Elle sait qu’elle pourra porter sa tenue chaque fois qu’elle se sentira dans cette jungle, aussi longtemps que nécessaire.
Comment aider une personne à surmonter une difficulté en utilisant la métaphore ? Comment activer le pouvoir de transformation d’une métaphore ? Voici les 5 étapes à respecter.
1. Invitez la personne à exprimer une métaphore vivante
La puissance d’une métaphore réside dans sa capacité à refléter les sensations physiques ressenties dans la situation évoquée. Si une personne vous raconte une situation qu’elle est en train de vivre et que vous rebondissez en proposant une métaphore, il y a de fortes chances que celle-ci soit inopérante. La métaphore sera plus efficace si elle est choisie par la personne elle-même.
→ Cherchez une métaphore présente dans le langage de la personne, puis vérifiez qu’elle est vivante, c’est-à-dire qu’elle correspond à l’état kinesthésique vécu.
Si son langage en est dépourvu, proposez-lui d’en identifier une : Pour toi, cette situation, c’est comme quoi ?
2. Explorez la métaphore qui s’offre à vous
Une métaphore partagée est un cadeau précieux : votre interlocuteur vous exprime un morceau de son intimité.
→ Honorez ce cadeau : écoutez la métaphore, questionner-la avec curiosité, laissez-la se construire.
3. Accompagnez l’émergence de ressources
La métaphore est un excellent terreau pour faire pousser les idées qui permettront de surmonter une difficulté. En s’ajustant à la situation imaginée, la personne modifie sa posture et ses ressentis, et retourne à la réalité transformée.
→ Demandez à la personne ce qui pourrait l’aider à surmonter la difficulté métaphorique.
Pour survivre dans sa jungle mortelle, Stéphanie aurait pu se doter d’un bouclier repousse épines ou se transformer en “minuscule” volant entre les épines pour avancer sur son chemin. Peu importe l’orientation choisie, pourvu qu’elle vienne de la personne.
4. Renforcez les ressources choisies
Donnez de la consistance aux ressources en demandant à la personne de les détailler.
→ Comment cela fonctionne-t-il ? A quoi cela ressemble-t-il ? Quels odeurs, sons ou ressentis cela suscite-t-il ?
Chaque élément mentionné correspond, consciemment ou non, à un aspect de la réalité souhaitée par la personne.
5. Vérifiez la pertinence des ressources choisies
La dernière étape du processus consiste à tester la robustesse des ressources choisies.
→ Les idées évoquées permettent-elles de faire face à la situation métaphorique ? Si ce n’est pas le cas, quels nouveaux aspects peuvent être développés ?
A la fin du processus, la personne n’est plus tout à fait la même car elle a découvert et mobilisé les ressources qui lui permettront de faire face à la situation.
Comme lorsque nous rêvons d’une situation qui nous tourmente et que certains éléments présents dans le rêve changent notre regard sur la situation réelle. Nos représentations, émotions et sensations se renouvellent et nos comportements évoluent. Nous avons procédé à un ajustement interne.
Pour en savoir plus sur notre formation à l'utilisation des métaphores dans votre pratique professionnelle et pour consulter les prochaines dates de formation, rendez-vous dans l'agenda de Faine.
Les managereuses* doivent renvoyer du feed-back !
(*Lisez : manager et manageuse ce qui donne « manageureuse »)
Voilà une injonction qui mérite qu’on s’y attarde
Tout d’abord, il nous faut distinguer différents feed-backs :
- Ceux issus d’un recadrage qui vise à prendre un temps pour revenir sur un dysfonctionnement, une erreur, un manquement
- Ceux qui font partie d’un entretien annuel ou biannuel
- Ceux qui jalonnent notre quotidien fait d’interactions
Il faut se souvenir que le feed-back, indépendamment de la notion de valeur qui peut lui être attachée, est présent dans chaque interaction. Le feed-back est « un retour d’information » indiquant la réception d’un message de quelque nature qu’il soit (verbal, non-verbal, ...).
Qui a initié ce message ? Qui y répond ? Quel sens donner à ces messages / feed-backs ? Quel séquençage chacun·e fera de l’interaction (ou l’histoire que chacun·e établira) ? Car chaque interlocuteurice définit ce qui lui semble être le « début » de la communication et ce « début » n’est pas forcément le même pour l’autre.
Nous nous intéresserons aux feed-backs du quotidien
Quels pourraient être les objectifs du feed-back pour un∙e managereuse ?
• Montrer que le·la manageureuse reconnaît son équipier·ère ?
• Indiquer les actes/ comportements qu’il convient de maintenir et ceux qu’il faudrait faire évoluer ?
• Permettre l’ajustement du travail, de la communication, des attendus ?
• Permettre à l’équipier·ère de connaître ce qu’attend son∙sa managereuse ?
• …
Aussi intéressant soit-il, le feed-back n’est qu’une partie d’un message ou d’une « boucle interactionnelle ». il s’agit d’une réponse d’un·e interlocuteurice à une autre personne au sujet d’un évènement/ acte/ comportement /parole /…
Nous pouvons nous demander quel est l’intérêt du feed-back transmis si le∙la managereuse ne prend pas en compte d’abord ce qui a motivé la situation qui lui semble problématique.
Ainsi, il faudrait chercher à comprendre et mieux travailler ensemble : Que se passe-t-il ? Quelles sont les raisons matérielles, humaines, économiques, … qui ont provoqué le message, les actes de l’équipier∙ère ?
Le feed-back viendra ensuite s’il est encore à propos.
Alors, transformons le feed-back en un constat sur lequel travailler et demander d’abord ce qui crée la situation avant d’y répondre.
Le∙la manageureuse n’a qu’une partie de l’information. La richesse de la résolution se fera avec l’équipier∙ère. Ils trouveront ensemble comment remédier à la situation. Ou si un recadrage est nécessaire, il se fera en connaissance de cause, sans démobilisation de l’équipier∙ère car il∙elle en connaît la raison et peut aussi être sollicité·e pour trouver ses propres axes d’amélioration.
Communiquer peut servir de vecteur pour se comprendre afin d’ajuster le travail ou la qualité de celui-ci.
L’envie de feed-back devient ainsi un point de départ pour répondre à deux questions :
- Quel constat effectuer ?
- Quelle analyse en fait l’équipier∙ère ?
Ceci, afin de trouver ensemble une remédiation ou acceptation d’un dysfonctionnement qui, peut-être, fonctionne très bien.